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#29 10 conseils pour intégrer le concept de permaculture à votre entreprise 🟠

18 Nov 2024 | Podcast

À travers ce podcast, j’aimerais aider celles et ceux qui souhaitent intégrer les principes de la permaculture dans leur aventure entrepreneuriale. Beaucoup ne comprennent pas vraiment ce que je fais de l’extérieur : j’entreprends, mais je reste détaché de chaque entreprise. Pour moi, une entreprise est un bien matériel, une « personne morale », et je préfère ne pas m’y attacher émotionnellement.

C’est un peu comme avec les animaux : si je donnais un nom à mes lapins, je ne pourrais jamais les tuer.

La permaculture, c’est quoi ?

 

Elle repose sur trois grands principes :

  • 🌱 Prendre soin des gens
  • 🌍 Prendre soin de la terre
  • 🤝 Partager équitablement

L’économie n’est qu’un aspect parmi d’autres. Au lieu de raisonner en individus isolés, je préfère voir un foyer, un écosystème où chaque élément a sa place et contribue à un équilibre global.

1. Observer et interagir

 

En permaculture, avant d’agir, on prend le temps d’observer l’écosystème. En entrepreneuriat, c’est exactement la même chose : il faut d’abord comprendre son marché, ses clients et les dynamiques du secteur avant de se lancer tête baissée.

Trop d’entrepreneurs prennent des décisions sans analyse factuelle. Avant de vous engager, testez votre idée avec une matrice SWOT. Si un acteur a déjà exploré ce chemin et que vous n’apportez aucune valeur supplémentaire, abstenez-vous.

Je me base toujours sur un principe clé : « partir des structures d’ensemble pour arriver au détail. » C’est ce que j’ai appliqué lorsque Nico me demandait d’ajouter Strava dans notre projet : partir du besoin global avant de se perdre dans les fonctionnalités. Commencez par un MVP, testez, ajustez.

Et surtout, écoutez vos clients. Un CEO ne doit jamais perdre le contact avec le terrain. Chez Code Cuisine, nous avions si peu d’appels que nous avons choisi de nous les répartir nous-mêmes, plutôt que de recruter une standardiste. Résultat : un lien direct avec nos clients et une compréhension bien plus fine de leurs attentes.

2. Créer des synergies, Intégrer plutôt que séparer

 

En permaculture, on cherche à valoriser les interactions positives entre les éléments d’un écosystème. En entreprise, c’est pareil : au lieu de voir les autres comme des adversaires, pourquoi ne pas collaborer et créer des synergies ?

Trop d’entrepreneurs rentrent en concurrence avec les membres de leur propre écosystème alors qu’il est souvent plus intelligent de coopérer. Les grandes entreprises l’ont bien compris :

  • Air France et KLM (Alliance aérienne SkyTeam)
  • BMW et Mercedes-Benz (Mobilité électrique)
  • Nestlé et Starbucks
  • Apple et Samsung (Fourniture de composants, écrans OLED)
  • Sony et Panasonic (Blu-ray)
  • Pfizer et BioNTech pendant le COVID

À Nancy, Décathlon sponsorise des courses organisées par des concurrents. Preuve qu’il vaut mieux être complémentaire qu’adversaire.

Mon approche est simple : soyez différent et interdisez-vous de simplement copier ce qui existe déjà. Inspirez-vous, oui, mais allez plus loin, améliorez.

Pendant le Covid, j’ai vu naître des associations qu’on n’aurait jamais imaginées auparavant. Quand l’intérêt collectif devient une priorité, on se serre les coudes au lieu de se tirer dans les pattes.

Intégrer au lieu d’exclure : donner la parole à tous

 

Je crois fermement que les meilleures décisions ne viennent pas uniquement « d’en haut ». À chaque réunion, j’essayais d’intégrer ceux qui râlaient le plus – par exemple, des hôtesses de caisse. Ça les responsabilisait et ça changeait tout.

👉 « Ni maître ni esclave. »

 

On oublie souvent qu’il y a des gens très cérébraux et d’autres très manuels. Un ouvrier peut paniquer devant un fichier Excel, tout comme un cadre peut se sentir perdu en cuisine.

Je l’ai vécu directement : certains me voyaient sur les réseaux sociaux et pensaient que je ne faisais rien. Mais quand je leur expliquais que pendant qu’ils regardaient TPMP le soir, moi je me battais avec un logiciel de montage pour mettre en valeur leur travail, ça remettait les choses en perspective.

3. Favoriser la diversité

 

En permaculture, plus un écosystème est diversifié, plus il est résilient. En entreprise, c’est pareil : la diversification permet de mieux encaisser les chocs.

Je vois trop d’entrepreneurs qui mettent tous leurs œufs dans le même panier : un seul produit, une seule source de revenus, un seul type de client. C’est risqué.

Regardez la nature :

  • Une monoculture de maïs produit de plus gros épis, mais épuise le sol à long terme.
  • Une abeille butine différentes fleurs au fil des saisons et produit du miel toute l’année.

👉 C’est pareil en entrepreneuriat.

Si vous misez tout sur une seule activité, vous risquez l’essoufflement. Moi, je préfère fonctionner en « pluriculture » entrepreneuriale.

  • Cela peut être diversifier les offres au sein d’une même entreprise : comme Famileat, qui vend aux familles mais aussi aux clubs de vacances.
  • Ou bien créer plusieurs sociétés sous une même holding pour qu’elles se complètent et s’équilibrent.

Beaucoup ont peur du concept de holding, mais c’est bien plus accessible qu’on ne le pense. Si ça vous intrigue, j’en parle en détail dans la partie 7 de la régénération.

4. Utiliser et valoriser les ressources locales et renouvelables

 

En permaculture, on privilégie les ressources locales et renouvelables pour préserver l’environnement et assurer une production durable. En entrepreneuriat, le raisonnement est le même.

J’ai toujours cherché à réduire ma dépendance aux imports et à favoriser des circuits plus courts. Pourquoi ? Parce que c’est plus stable, plus éthique et souvent plus rentable sur le long terme.

👉 S’approvisionner localement, c’est :

  • Réduire les coûts logistiques (frais de transport, délais, imprévus).
  • Soutenir l’économie locale et créer un écosystème vertueux.
  • Gagner en flexibilité : quand on travaille avec des fournisseurs proches, on peut ajuster ses commandes plus facilement.

Ce que j’utilise dans ma production, je veux que ce soit durable et renouvelable. Trop d’entrepreneurs se retrouvent piégés avec des ressources rares, des coûts qui explosent, ou des dépendances à des fournisseurs étrangers.

👉 Le « Made in France » avant l’import, c’est une vraie stratégie, pas juste un argument marketing.

Si votre business repose sur des ressources épuisables, vous devez déjà réfléchir à comment sécuriser l’avenir. Parce que quand la source se tarira, ce sera trop tard.

5. Pratiquez l’autorégulation et la rétroaction si nécessaire.

 

Je me suis toujours méfié de la croissance à tout prix. Vouloir aller trop vite, sans recul, c’est brûler inutilement de l’énergie. En permaculture, on ajuste en fonction du terrain, on observe avant d’agir. En business, c’est exactement pareil.

👉 Analyser régulièrement ses résultats permet de :

  • Éviter le gaspillage d’énergie et de ressources (temps, argent, stock).
  • Optimiser ses décisions en fonction des retours concrets.
  • Savoir revenir en arrière si nécessaire au lieu de s’obstiner dans la mauvaise direction.

📌 Un bon exemple : Damien Dekarz, référence en permaculture, note tout sur un simple calepin. Pas besoin d’un Excel ultra-complexe. Il ajuste en fonction de ce qui fonctionne réellement, pas de ce qui était « prévu ».

💡 Cas concrets en business :

  • Se planter sur les volumes de production parce qu’on n’a pas pris en compte un décalage calendaire ou un événement l’année précédente. Produire trop, ou au mauvais moment, c’est un vrai danger pour la trésorerie.
  • Produire les mêmes quantités dans toutes les tailles ou couleurs sans tester. Mauvaise idée. J’ai toujours préféré tester une couleur ou une taille, puis décliner si la demande suit. Décathlon est très fort là-dessus.
  • Dépenser en pub au mauvais moment, quand le marché n’est pas porteur. Théo Lion dit que c’est comme pédaler dans la semoule en montée.

🚨 Dernier point : savoir faire marche arrière.
Ça m’est déjà arrivé, par exemple avec mon site en anglais. Mauvais choix, pas assez de demande. J’ai tranché : retour en arrière, et on avance autrement.

👉 Réguler et ajuster, c’est mieux que foncer tête baissée.

6. Pratiquer la frugalité

 

En permaculture, on minimise le gaspillage et on valorise chaque ressource. En entrepreneuriat, c’est exactement la même logique : optimiser au lieu de surconsommer, simplifier au lieu de complexifier.

💡 Un principe clé : le MVP (Minimum Viable Product)
Je suis un adepte du « test and learn ». Plutôt que d’investir des milliers d’euros dans un produit ou un service parfait (mais potentiellement inutile), je préfère lancer une version simplifiée, juste assez aboutie pour tester le marché et récolter des retours clients.

👉 Exemple concret :
Au lieu de produire une gamme complète, je teste un modèle, une couleur, une taille. Si ça fonctionne, j’optimise et j’étends.

Zéro gaspillage = plus de rentabilité
En permaculture, un bon déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. C’est pareil en business. Tout doit être pensé pour être réutilisé ou optimisé.

Exemples appliqués à mon quotidien :

  • Le cuir : En maroquinerie, on valorise surtout le cuir de collet (partie noble), alors que les jambes sont souvent jetées. Erreur ! Je passe mon temps à réapprendre à mes clients à apprécier les défauts.
  • Les sacs de protection au lieu des cartes de visite : Plutôt que d’imprimer des tonnes de cartes de visite qui finiront à la poubelle, j’ai préféré une solution utile et durable.

💬 Moralité :
Moins mais mieux. Chaque ressource doit avoir une vraie utilité et ne pas être gaspillée. C’est aussi valable pour l’énergie, l’argent, et le temps.

7. Concevoir pour la régénération

 

En permaculture, on ne se contente pas d’exploiter un sol, on le régénère pour qu’il soit plus fertile année après année. En entreprise, c’est la même logique : plutôt que d’extraire uniquement de la valeur, pourquoi ne pas structurer son business pour enrichir son environnement – qu’il soit économique, social ou écologique ?

💡 Investir au lieu de consommer
Si mon activité génère un bénéfice dont je n’ai pas immédiatement besoin, je préfère le réinjecter intelligemment plutôt que d’augmenter mon train de vie et ma consommation de ressources.

Exemples concrets :

  • 📍 SCI et investissement durable : Plutôt que de laisser dormir un excédent de trésorerie, il peut être placé dans une SCI pour acheter un verger, un bois ou un local et développer de nouvelles activités.
  • 🔄 Mutualisation des ressources : J’ai du matériel sous-utilisé ? Plutôt que de le laisser prendre la poussière, je le mets en location et en fais profiter d’autres entrepreneurs.
  • 🌿 Autonomie et bien-être des équipes : Une serre d’entreprise peut offrir des avantages en nature aux salariés tout en augmentant mon indépendance alimentaire.

💰 Pourquoi c’est aussi une stratégie fiscale intelligente ?
L’État incite toujours au réinvestissement dans l’économie. Si mon résultat dépasse 43 000 €, je passe de 15 % à 25 % d’impôt. Plutôt que de donner 10 % de plus à l’État, autant rester sous les 42 500 € et investir la différence pour ma retraite ou mes enfants.

🎯 Moralité : Créer un business qui nourrit son écosystème
Une entreprise qui régénère son environnement (naturel, humain, financier) crée une dynamique vertueuse. À long terme, c’est plus rentable et surtout, plus facile à gérer.

8. Évoluer en boucle fermée

 

En permaculture, rien ne se perd, tout se transforme. Chaque « déchet » devient une ressource utile pour un autre élément du système. En entreprise, c’est la même logique : au lieu de voir les pertes comme un problème, transformez-les en opportunités.

💡 Recycler les invendus, reconditionner, revaloriser
Pourquoi jeter ou brader quand on peut redonner de la valeur à un produit ?

✅ Exemples concrets :

♻️ Revente intelligente des invendus : Plutôt que de casser ses prix sur son propre site et de dévaloriser sa marque, on peut proposer des produits sur LeBonCoin, Vinted ou d’autres plateformes. Cela permet de toucher une autre cible sans affecter son image.
🚀 Pas de code promo, mais une alternative : Ceux qui cherchent une bonne affaire peuvent acheter un produit dégriffé sur un autre canal, sans qu’on ait à rogner sur la valeur perçue de la marque.
🎁 **BtoB : Offrir des produits plutôt que faire des remises.

 

9. Penser sur le long terme

La permaculture prône des solutions durables, et en entreprise, cela se traduit par le choix de stratégies sur le long terme plutôt que de se concentrer sur des gains immédiats. Par exemple, investir dans la satisfaction et la fidélisation des clients permet de bâtir une réputation solide et pérenne. Cette année, j’ai mis en place des relations publiques pour améliorer mon résultat à long terme, en créant une dynamique positive et en collaborant avec un freelance indépendant. C’est un peu comme refaire une façade ou isoler une maison : ce n’est pas nécessaire tout de suite, mais cela devient un réel atout sur le long terme.

Stocker de l’énergie

 

Il est essentiel de prendre des pauses pour recharger ses batteries et respecter des périodes de repos, à l’instar des périodes de jachère en permaculture, afin de durer dans le temps.

Agir avec patience et à petite échelle

 

Pourquoi chercher à conquérir le monde si l’on peut d’abord se concentrer sur son propre quartier ? C’est une réflexion que j’ai eue en pensant à l’internationalisation ou aux marketplaces. Si je peux d’abord améliorer mes performances sur mon marché actuel, pourquoi me précipiter vers de nouvelles directions ?

Solidifiez votre fondation avant d’ajouter des étages

 

Avant de vouloir élargir ou diversifier, il est crucial de solidifier les bases de votre entreprise pour assurer une croissance stable et durable.

10. Utiliser le changement et y réagir de manière créative

 

Le changement est inévitable et peut parfois être mal compris. Prenons l’exemple de TikTok : beaucoup se moquent de la plateforme, mais peu prennent le temps de comprendre ce que les utilisateurs y recherchent. En entreprise, cela nous apprend à embrasser les tendances et à y répondre de manière créative, plutôt que de les ignorer ou de les juger trop rapidement.

Exploiter les interfaces et valoriser les éléments en bordure

En permaculture, on parle de maximiser l’utilisation des zones de transition, ces espaces où la diversité et le potentiel sont les plus riches. Ce concept peut être adapté à l’entrepreneuriat pour exploiter les « zones frontalières » entre différentes idées, ressources ou marchés. Ces espaces, souvent perçus comme périphériques, sont en réalité des points d’opportunités stratégiques où la créativité et l’innovation peuvent se déployer.